Après Eau Mon Amour, le réalisateur Roberto Della Torre prépare un nouveau film sur les usages et la gestion de l’eau : Des ricochets en eau douce. Un film qui veut mettre en évidence la contradiction existante entre le développement économique à court terme qui génère des décisions essentiellement prises sous le prisme de l’intérêt monétaire et une vision « nouvelle » du développement, pour l’intérêt général. Une plongée dans la nappe phréatique d’Ariège.

Selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) :

Au niveau des nappes phréatiques, on remarque une recharge souterraine insuffisante et des niveaux « peu favorables » en ce début de printemps.

La vigilance est déjà de mise pour les nappes les plus sensibles concernées par des captages d’eau potable. « Des restrictions d’eau pourraient être mises en place dès le mois de mars pour éviter de se retrouver dans des conditions catastrophiques d’arbitrage en juin ou juillet » a annoncé le ministre de la Transition écologique, Christophe BECHU, le 22 février 2023 sur France-info.

Voici donc un plongeon dans l’actualité…

Sous nos latitudes, l’eau a longtemps été considérée comme une ressource quasi inépuisable. La question de sa disponibilité se pose désormais de façon récurrente sur l’ensemble du territoire national, bousculant ainsi les écosystèmes, la biodiversité et les rendements agricoles.

L’eau est le sujet central de ce documentaire.

Je vous invite à plonger dans la nappe phréatique de la basse Ariège qui s’étend de Pamiers à Toulouse. Depuis une vingtaine d’années l’extraction de graviers dans la nappe phréatique a pris des proportions industrielles au détriment de ce qui est considéré comme les meilleures terres agricoles du département de l’Ariège mais surtout de l’une des plus importantes nappes phréatiques de la région.

L’Occitanie est la dernière région de France à autoriser l’extraction de granulats dans la nappe phréatique quand d’autres départements et régions réfléchissent et agissent différemment.

Actuellement, les plans d’eau créés par l’extraction des gravières sont remblayés par des déchets du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) avec des conséquences néfastes sur l’environnement.

Des problèmes de pollution émergent de plus en plus souvent.

Depuis plus de 10 ans des associations environnementales, des maires, des agriculteurs alertent sur la qualité de l’eau et sur les règles contradictoires du schéma régional des carrières, avec d’un côté 10 ans d’enquêtes, de recours, d’études, de rencontres, d’attente, de non réponses, de documents « confidentiels » et de l’autre coté, 10 ans de tentative d’extension des exploitations pour atteindre1000 hectares.

Cette extension induit, de fait, une réduction des terres agricoles, une baisse du niveau de la nappe phréatique et des puits d’arrosage des agriculteurs.

Cette partie de la société civile, ne désespèrent pas de voir aboutir leurs démarches et requêtes. En effet le moratoire obtenu en 2018 autorisant l’ouverture de nouvelles carrières court jusqu’en 2023.

Ils demandent de suspendre temporairement l’extension des carrières existantes, d’interdire la création de nouvelles carrières de sable et de graviers dans le département mais également de respecter les règles déjà écrites.

10 ans c’est long… ça use, mais ils tiennent bon !

Aujourd’hui, le regroupement d’associations actives sur ce sujet est épaulé par une nouvelle génération sensible à l’écologie et au changement climatique. Cette génération face aux injustices environnementales s’engage avec des modalités nouvelles pour alerter la population et les pouvoirs publics sur la dangerosité de certains projets et sur la lenteur politico/législative.

Les institutions qui gèrent ce dossier : le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), la Préfecture, le SCoT l’Agence de l’Eau ainsi que l’Agence Régionale de la Biodiversité commencent à montrer une certaine sensibilité et écoute. Certaine pointent, d’ailleurs, la contradiction entre les objectifs de protection des espaces agri-naturels dont la ressource en eau au sein de la Loi Climat et Résilience et les autorisations d’exploitation de graviers.

Ce documentaire fait, avec un certain optimisme, un tour d’horizon du débat environnemental pour la préservation d’un bien commun comme l’eau avec comme protagonistes des citoyen.ne.s organisé.e.s, des édiles, les Institutions et des chercheurs.

C’est donc en 2023 que tout se joue.

La basse Ariège un cas d’École ?!