Les réalisateur·rice·s membres de La Trame Isabelle Dario et Boris Claret, accompagnés du réalisateur Vincent Glenn, ont conçu une série documentaire en 12 épisodes intitulée De Base. Alors que l’accès au RSA (Revenu de Solidarité Active) vient d’être durci, la série propose d’ouvrir un débat éclairé sur notre modèle social.
12 POINTS 12 ÉPISODES
1- En cherchant à identifier à quoi correspondait la volonté de durcir l’attribution du RSA, nous sommes allés à la rencontre d’une série d’interlocuteurs, en particulier des militants du Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB), d’ATD quart monde, mais aussi d’économistes, de philosophes, de syndicalistes, d’élus ou encore… d’allocataires du RSA.
2- Est apparue la nécessité de mettre en perspective les étapes historiques qui ont conduit à la création du RSA en France, de remonter le temps pour situer d’où sont venues les idées d’un revenu citoyen sans condition ; de faire un peu d’histoire… Cela nous a conduit jusqu’à Thomas Paine, en 1795.
3- Constatant que beaucoup de propositions allaient dans le sens d’une allocation « inconditionnelle« , sont ensuite arrivées plusieurs questions pratiques : un revenu garanti… « pour tous les citoyen.nes »? Ou privilégiant les plus jeunes ? Nous sommes allés recueillir plusieurs hypothèses exprimées depuis des années. De Philippe Van Parijs (Réseau européen pour un revenu de base) à Bernard Friot (Réseau salariat), en passant par le revenu universel promu par Benoit Hamon et les militants de Génération.s.
4- Très vite a émergé tout ce qui pouvait s’opposer à cette proposition politique : les « freins » … Certain.e.s tirent à boulets rouge sur l’idée elle-même… « un encouragement à la paresse et au désœuvrement », « une attaque frontale de la « valeur travail » … Des convergences semblent pourtant exister entre représentants de la droite et de la gauche… Pour certains, le signe que l’idée même est louche… Il fallait donc entrer plus à fond dans le sujet et recenser les arguments, les chiffres et les principes avancés par les un.e.s et les autres.
5- En creusant un peu, nous avons vite réalisé que diverses expériences ont déjà eu lieu, en France et ailleurs, souvent trop courtes pour être réellement significatives. Nous avons alors tenté de nous faire une idée des résultats et limites de ces expériences au-delà du territoire français.
6- Une question récurrente : si ce revenu inconditionnel était appliqué, faudrait-il qu’il soit plus ou moins proche du SMIC ? La question rejoignait rapidement celle du coût et du financement… « Un pognon de dingue ? »… D’autres soulevaient que c’était plutôt une modalité pour un autre partage des richesses. La perspective d’une refonte de la fiscalité a alors émergé avec une idée souvent partagée : faire payer plus ceux qui le peuvent et permettre aux autres de bénéficier légitimement de la création collective de richesse.
7- Certain.e.s ont bondi : de quelles richesses parlons-nous ? La richesse d’un pays est-elle résumable à son PIB ? Qui lui-même intègre pollutions et marché de dépollution comme une « augmentation de richesse »… Au fond, de quel « gâteau » parle-t-on ? Ces questions nous ramenaient à ce que « financer » un revenu citoyen de base signifiait : non seulement modifier le partage de la richesse produite par la collectivité mais également changer sa composition. Valoriser et développer certaines activités et en faire décroitre d’autres.
8 – Mais qui va ramasser les poubelles ? Si les citoyens ont un revenu ne les contraignant plus à accepter les métiers pénibles, comment assurer certaines tâches indispensables pour la société ? Cela ouvrait sur la question des métiers polluants, usants, les « bullshit jobs » comme disait le regretté David Graeber… Certain.es argumentèrent sur la bonne occasion pour revaloriser des métiers à la fois indispensables et mal reconnus, avec une autre grille des salaires en fonction de la pénibilité, mais aussi de ceux que la société considère comme les plus socialement et écologiquement utiles. Un chantier digne du nettoyage des écuries d’Augias…? Oui, comme toutes les grandes évolutions qui ont marqué le progrès social et créé des solidarités vivantes.
9- L’ensemble de ces réflexions interrogeait aussi notre « modèle de développement »… en train de rendre la planète invivable. Des défis vitaux tels que la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le ressourcement des sols et de la biodiversité, signifieraient… Abaisser le taux d’activité… Autrement dit, sortir d’un productivisme et consumérisme insoutenables. Alors là, c’est sûr, avec ce projet de modifier les habitudes des citoyens-consommateurs, le chantier semblait carrément pharaonique…
10- Enfin, arriva un argument de poids : l’arrivée fracassante des intelligences artificielles laissant fortement anticiper que des pans entiers d’activités allaient être pris en charge par des machines et chasser de leur emploi des millions de personnes. Cela nous rappelait que la diminution du temps de travail avait déjà amplement commencé… par le chômage de masse.
11- L’ultime question était politique au sens le plus électoral : comment une telle mesure pourrait-elle être sérieusement débattue dans la société et reprise par une majorité politique ?… Au fond l’objectif de notre initiative était bien de créer les conditions d’un large débat sur une base solidement documentée. Et, autant que possible, d’arriver un jour à une application pratique de ces idées fondées sur une exigence à la fois sociale et écologique.
12- En chemin, nous avons rencontré un collègue qui a écrit une fable d’anticipation imaginant le monde en 2052 : A l’occasion de son anniversaire, un personnage retrace les faits marquants depuis la création d’un revenu inconditionnel dorénavant établi dans 134 pays. Cela nous a semblé être un très bon épilogue pour la série !
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Un premier cycle de rencontres et de tournages a été initié à Marseille, Sète, Paris, Clermont-Ferrand, Montreuil et Bruxelles. Cela a donné lieu à une forme d’inventaire et de questionnements, une collecte de données permettant de faire le point sur différentes approches proposées. Des entretiens filmés ont été réalisés avec (dans l’ordre des tournages) :
Céline Marty, Eric Dacheux, Léon Régent, Guy Valette, Nadia Bouallak, Benoit Borrits, Yovan Gilles, Alain Persat, Barthélémy Gonella, Christine Mead, Ly Katekondji, Cyril Choupas, Lisa Dvornicic, Florine Garlot, Grégoire Verrière, Pauline Vigey, Bernard Friot, Jean Desessard, Léo Garcia, Philippe Van Parijs
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dessin ©Deligne